Un article sur notre projet dans le journal français "Le Monde"!
Une maison multicolore, ecologique et sociale à Bruxelles.
(Bruxelles Envoyé
spécial) Dans le quartier
populaire de Molenbeek-Saint-Jean, à la périphérie de Bruxelles,aux numéros7,
9, 11 et 13 de la rue Fin, le bâtiment multicolore détonne et étonne. Bâtie sur
une friche ndustrielle cernée de murs de brique, au pied d’une barre d’immeubles
usés, la façade arc-en-ciel d’un étage, aux balcons tout de bois de cèdre, affiche sa personnalité.
Celle d’un projet environnemental et d’une ambition sociale d’accès à la
propriété de familles mal logées, pour la plupart immigrées. Avec un nom qui résonne
comme un slogan: «L’Espoir».
Au sol, 1686m2 de
superficie habitable réparties entre 14 familles, auxquels il faut ajouter une
terrasse d’environ 10m2 pour chacune, et un jardin pour celles résidant en rez-de-chaussée
ou un balcon au premier étage.
Traoré Djamal,
tout sourire, fait la visite. «On est bien ici, mieux que dans notre
appartement précédent, explique le jeune homme de 19ans, aîné d’une famille
d’origine togolaise de quatre enfants. C’est une maison neuve, basse énergie;
on a pu acheter le terrain avec les autres et faire bâtir.»
Ce n’est pas la
moindre des fiertés de l’architecte, Damien Carnoy. «Les familles qui sont
entrées dans le projet ont été associées à toutes les étapes de la
construction. Leurs rêves et demandes ont été écoutés, explique-t-il. Avec les aides
de la région, alors qu’elles étaient pour la plupart mal logées et ne
disposaient pas de revenus importants, elles ont accédé à la propriété. Les
économies d’énergie ont, en plus, permis d’alléger leur facture d’électricité.»
L’Espoir répond
aux critères du standard passif : les besoins de chauffage doivent être
inférieurs à 15kWh/m2/an.La structure du bâtiment est en bois et dérivés du bois,
le confort acoustique est supérieur aux normes exigées, les eaux de pluie ne sont
pas rejetées à l’égout et 40% de la parcelle est «restituée» à la nature par le
biais des jardins, la végétalisation des toits et de la façade.
Alors que ces maisons
sont souvent onéreuses, l’architecte se vante d’un «prix de construction inférieur
au prix du marché, malgré la performance thermique et acoustique». Le bâtiment
certifié «exemplaire» par l’Institut bruxellois de gestion de l’environnement, bénéficie
d’une subvention de la région de 100 euros par m2 habitable et d’une prime
«maisons passives » de 6500 euros par logement. La municipalité de Molenbeek a
aussi consenti une forte réduction sur le prix de vente du terrain. Chaque
famille paye ainsi entre 483 euros mensuels pour unappartement avec deux chambres
et 760 euros pour un quatre chambres, pour un crédit remboursable sur
vingt-cinq ans.
«Au début, les
gens nous prenaient pour des riches, on nous a même jeté des oeufs, raconte
Traoré. Mais cela va mieux, nous avons organisé des fêtes et invité les
voisins.» Aucune de ces 14 familles, venues du Liban, de Guinée ou encore de
Syrie, n’imaginait un jour devenir propriétaire. L’Espoir n’est pas isolé. Dans
la région de Bruxelles,156 bâtiments exemplaires ont été labellisées. Rue de la
Brasserie, à Ixelles, au sud de Bruxelles, une autre construction, à
l’esthétique « Art nouveau», avec ses balcons ornés de ferronnerie, propose à ses
habitants son ossature bois et son parement brique. A l’intérieur, renouvellement
de l’air frais en continu, aucun chauffage individuel mais la circulation d’un
air à 20˚C et des panneaux solaires qui assurent 50% de la production d’eau
chaude. Là encore, un important travail sur les matériaux fait de la maison «un
thermos», selon l’expression de l’architecte, Vincent Szpirer.
Les «Batex»,
bâtiments exemplaires de la région bruxelloise, ont été récompensés d’un Awards
européen 2012 décerné par la Commission, dans le cadre de la semaine de
l’énergie durable organisée du 18 au 22juin. Cette manifestation est chaque année
l’occasion de mettre en avant les initiatives les plus innovantes en Europe.
Les travaux de rénovation des bâtiments et les nouvelles normes de construction
doivent permettre à l’Union européenne d’atteindre ses objectifs de lutte
contre le changement climatique. Ils sont aussi pour la Commission créateurs de
nouveaux emplois. En juin, les Etats-membres sont parvenus à un compromis sur
la directive qui doit permettre d’améliorer l’efficacité énergétique de l’Unionde17%
d’ici à 2020. La rénovation des bâtiments constitue un volet important de cette
politique et concerne aussi bien le parc privé que public.
Rémi Barroux